General Electric : "2021 sera une année charnière pour sauver le site de Belfort"

Rédigé le 11/01/2021


General Electric : "2021 sera une année charnière pour sauver le site de Belfort"

Secrétaire adjoint du comité de groupe France pour la CFE-CGC, Philippe Petitcolin a conscience que l’année 2021 sera cruciale. Pour le leader syndical, figure du conflit dans l’entité turbines à gaz en 2019, c’est l’avenir même du site belfortain de General Electric qui pourrait se jouer dans les douze prochains mois.

  « Si nous n’avons pas obtenu de garanties avant la présidentielle, il ne restera pas grand chose de General Electric à Belfort », redoute Philippe Petitcolin. Photo ER /Christian LEMONTEY
Comme en 2019, 2020 a été synonyme de nouvelles annonces de plans sociaux sur le site de General Electric à Belfort : fermeture du site de GE Hydro (89 emplois), 240 postes menacés chez Steam (nucléaire et charbon). Y a-t-il une sorte de fatalité à voir les activités du groupe américain disparaître ?

« Je ne dirai pas une fatalité, mais il y a un réel danger. Belfort a été protégé jusque fin 2018 par les accords signés en 2014 suite au rachat de la branche énergie d’Alstom. Depuis, les plans s’accumulent. Pas par acharnement, car ces plans touchent tous les pays. Belfort est aujourd’hui en train de payer le fait de ne plus avoir de dirigeant mondial sur place pour défendre le site. Pour les Américains, la France, c’est le pays des 35 heures, des grèves… Et personne n’est là pour leur expliquer que nos ingénieurs sont plus efficaces, plus productifs. C’est ça le drame actuellement. »

Je suis convaincu que les plans sociaux de GE sont calés sur le calendrier électoral

Faut-il donc craindre de nouveau plans sociaux cette année ?

« Déjà, GE va mettre en œuvre les plans sociaux annoncés en fin d’année. Mais il ne devrait pas y avoir d’autres plans annoncés à Belfort. En deux ans, l’ensemble des entités présentes ici ont été touchées : gaz, services financiers, informatique, et maintenant hydroélectricité et nucléaire. Ces PSE ont désorganisé les différents services. S’il devait y avoir un nouveau plan maintenant, Belfort pourrait ne pas s’en remettre.

Mais pour moi, le danger se situe plutôt en 2022, après la présidentielle. Car je suis convaincu que les plans sociaux de GE sont calés sur le calendrier électoral. En 2019, les suppressions de postes dans les turbines à gaz avaient été annoncées au lendemain des élections européennes. »

Si fin 2021, on n’a rien obtenu, l’année 2022 sera terrible

Diriez-vous alors que 2021 sera une année décisive pour l’avenir du site de Belfort ?

« C’est sûr ! 2021 sera une année charnière. Nous avons 1 mois pour sauver GE Hydro (lire par ailleurs), 6 pour Steam et 12 pour assurer un avenir au site. Il faudra batailler pour sauver le maximum d’emplois et garantir la pérennité des entités qui restent. Mais pour cela, il faut que General Electric soit plus franc sur ses ambitions en France. Car nous avons besoin d’engagements fermes en termes d’investissements et de développements. Si fin 2021, on n’a rien obtenu, l’année 2022 sera terrible. »

Pour investir, il faut des moyens financiers. Fortement impacté par la crise sanitaire, General Electric en dispose-t-il ?

« L’année a été dure mais General Electric a plutôt mieux passé la tempête que d’autres. C’est surtout l’aviation qui a été impactée cette année. Dans les domaines de la santé et de l’énergie, les trois premiers trimestres ont été difficiles avec de nombreuses annulations de commandes. Mais il y a eu un effet de rattrapage sur la fin de l’année. Et les perspectives sont aujourd’hui plutôt bonnes. On retrouve une vision à long terme sur les charges et les profits. »

General Electric s’est caché derrière la crise du Covid pour dire qu’il n’avait pas les fonds

En 2019, les accords que vous aviez signés avec la direction contenaient un projet industriel pour développer le site belfortain. Au point mort cette année, ce projet pourrait-il être relancé en 2021 ?

« Ce projet prévoit la création de 200 emplois sur des secteurs d’avenir avec des retours sur investissements immédiats. Nous l’avons chiffré à 50 millions d’euros sur trois ans. Mais General Electric s’est caché derrière la crise du Covid pour dire qu’il n’avait pas les fonds. Ce qui ne les a pas empêchés d’octroyer un bonus de 47 millions de dollars à Larry Culp … On aimerait se dire qu’ils vont changer leur fusil d’épaule en 2021, mais là encore, on attend du concret. »

Source : estrepublicain.fr