Mise en place, à compter de ce dimanche 10 janvier, d’un arrêt de travail simplifié, sans avis médical, pour les personnes symptomatiques.

Rédigé le 13/01/2021


Quoi qu'il en coûte! Ce mantra spécial Covid-19 d'Emmanuel Macron s'applique désormais aux arrêts maladie liés au coronavirus. Oublié les tergiversations, face au risque sanitaire d'un rebond de l'épidémie, l'exécutif a décidé de sortir les grands moyens. A partir du 10 janvier, « pour gagner en efficacité », une personne présentant des symptômes ou considérée comme cas contact pourra s'inscrire sur le site de l'Assurance maladie afin d'obtenir un arrêt de travail « immédiat ».

Le but de cette mesure est double : éviter l'engorgement des cabinets de médecins, qui font face ces derniers jours à une forte hausse des demandes de rendez-vous de malades du Covid-19. Mais aussi isoler plus rapidement des personnes susceptibles d'être porteuses du virus. Le dispositif est prévu dans un premier temps jusqu'au 31 mars.

Comment ça marche ?

Plus besoin de prendre rendez-vous chez son médecin pour obtenir la feuille d'arrêt maladie. Il suffira de se faire une sorte d'autoprescription en se déclarant en ligne ( declare.ameli.fr ou declare.msa.fr). Un arrêt de travail d'une durée de sept jours sera délivré automatiquement. Le malade doit s'engager à réaliser un test antigénique ou RT-PCR dans les deux jours suivants.

« Afin d'inciter au maximum les personnes présentant des symptômes à rester isolées à leur domicile, elles pourront bénéficier d'indemnités journalières et du complément employeur sans délai de carence ou de conditions d'ouverture du droit, lorsqu'elles sont testées positives à la Covid-19 ou dès lors qu'elles sont symptomatiques, dans l'attente du résultat de leur test », précisent les ministères de la Santé et du Travail.

Le malade ne sera pas pour autant livré à lui-même. Un agent de l'Assurance maladie l'accompagnera par téléphone, tout au long de sa convalescence. L'organisme précise qu'il procédera à un suivi systématique « avec deux à trois appels téléphoniques » au cours de la période. A partir du 20 janvier, une visite à domicile par un infirmier sera également proposée à la personne qui s'est autodéclarée.

Les salariés en télétravail devront aller chez le médecin

Attention, ce dispositif simplifié ne bénéficie pas à toutes les personnes. Il y a une condition : « si elles ne sont pas en mesure de continuer à travailler depuis leur domicile ». Autrement dit, les salariés qui peuvent effectuer leurs tâches chez eux, ou ceux qui sont actuellement en télétravail, ne sont pas concernés par cette automaticité. Pour ces derniers, il faut continuer de passer par la case du médecin généraliste, comme c'était le cas auparavant.

Pour rappel, les personnes identifiées comme cas contact peuvent déjà faire une demande d'arrêt de travail en ligne, via le site declare.ameli.fr, qui est exonéré de jour de carence depuis le printemps. Les agents de la fonction publique bénéficient de cette même disposition, qui sera mise en œuvre dans les mêmes conditions.

Les syndicats satisfaits

Dans les rangs syndicaux, on applaudit cette initiative. « Tout ce qui permet de faciliter et simplifier les procédures pour les assurés sociaux est une bonne chose. On peut regretter seulement que cela n'ait pas été mis en place avant », réagit Serge Legagnoa, secrétaire confédéral FO, responsable du secteur protection sociale. Quant aux craintes d'éventuels abus ou d'effets d'aubaine, le syndicaliste ne veut même pas en entendre parler : « C'est toujours le même discours de suspicion sur les assurés !, tempête-t-il. A la Cnam, il y a des contrôles massifs effectués très régulièrement, et les procédures ont encore été renforcées depuis 2019. »

Vu de la CPME, l'organisation patronale qui représente les petites et moyennes entreprises, même si l'heure n'est guère à la polémique, on ne cache pas une certaine inquiétude face au « risque d'absentéisme qui pourrait désorganiser les entreprises ». « Nous devons tout faire pour que la stratégie tester, alerter, protéger soit respectée afin de ralentir la circulation du virus. Si l'application du protocole sanitaire en entreprise permet aujourd'hui de protéger les salariés face à l'épidémie, la suppression du jour de carence encouragera les salariés à s'isoler plus rapidement », répond Elisabeth Borne, la ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion.

Qui va payer la facture ?

Restera une question : qui va payer la facture des arrêts de travail Covid depuis mars? L'ancien directeur général de la Cnam Nicolas Revel, devenu en juillet le directeur de cabinet de Jean Castex, avait estimé que ce n'était pas le moment d'en parler : « L'heure est à la solidarité, à répondre aux besoins et demandes. On verra plus tard pour faire les comptes ».

Source : ameli.fr et leparisien.fr