EDF et GE en discussions pour le rachat de l’ex-branche nucléaire d’Alstom

Rédigé le 22/09/2021


Thibault Quartier, avec l’AFP

EDF et General Electric ont annoncé mercredi des « discussions exploratoires » en vue d’un éventuel rachat, par l’énergéticien français, des « activités nucléaires de GE Steam Power ». mis à jour le 22 septembre à 12h05.

« EDF est en cours d’analyse des conditions dans lesquelles les intérêts du groupe EDF pourraient être préservés », a déclaré un porte-parole du groupe. « Il n’y a aucune certitude quant à l’aboutissement de ces travaux et discussions exploratoires », a-t-il toutefois souligné. Une source proche du dossier de sourire : « C’est le prix qui bloque. » Jean-Bernard Levy, le p-dg d’EDF, a présenté le projet hier de rachat de la branche nucléaire de General Electric au conseil d’administration de l’énergéticien français ; la branche avait été acquise en 2014-2015 par GE à Alstom « C’est une officialisation de discussions dont on connaissait l’existence depuis longtemps », relève Laurent Humbert, délégué syndical CFE-CGC, chez Steam, l’entité nucléaire de General Electric, visé par ce rachat.

De son côté, General Electric de déclarer : « GE confirme avoir entamé des discussions préliminaires avec EDF concernant une transaction potentielle relative à une partie de son activité GE Steam Power. Aucun accord n’a été conclu et il n’y a aucune certitude sur les conclusions de ces discussions. GE ne fera pas d’autres commentaires sur ce sujet, et ce jusqu’à ce qu’un engagement plus détaillé ne nous permette d’informer nos employés et/ou leurs représentants. »

Une lettre aux salariés de GE

« 2000 personnes sur 11000 ont peut-être la chance de quitter GE. Maintenant, il faut regarder le projet industriel », observe Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC. Ce matin, les représentants du personnel ont été convoqué « en urgence » pour un comité de groupe France, où ils ont été informés de ces discussions ; les salariés ont également reçu un courrier en milieu de matinée, confirmant ces discussions, que Le Trois a pu consulter.
 
« Je tiens à souligner qu’il n’y a aucune garantie que ces discussions aboutissent à une telle transaction », prévient toutefois Valérie Marjollet, une dirigeante de l’entité, en s’adressant aux salariés. « GE ne fera pas d’autres commentaires sur ce sujet, et ce jusqu’à ce que des éléments significatifs permettent de constituer un projet et, le cas échéant, d’informer et consulter les représentants du personnel compétents conformément à nos obligations », ajoute ce document. Laurent Humbert regrette justement que « GE ne communique pas plus », laissant les salariés « dans l’attente ». « Je comprends que ce message puisse générer d’avantage de questions qu’il n’apporte de réponses, mais nous devons continuer à répondre aux besoins de nos clients et rester concentrés sur nos priorités de l’année. Je vous remercie à nouveau pour tout ce que vous faites pour Steam Power », se justifie GE.
 

Investir dans le nucléaire

Philippe Petitcolin pointe du doigt le fait d’être racheté par un client. Cela entraîne des « risques » pour l’entité belfortaine, qui ne travaille pas que pour EDF, mais aussi pour le russe Rosatom. Et d’analyser : « Un rachat si l’on annonce la construction de 6 nouveaux EPR, c’est super. Sinon, il y a un risque de casse sociale. » Il attend donc que le président de la République « se positionne » sur le devenir de la filière nucléaire et y investisse. Même son de cloche du côté de la CGT, avec Laurent Santoire, délégué central : « Maintenant, il faut l’officialisation du lancement des nouveaux EPR et une politique d’investissement de l’État, principalement dans l’emploi. » En décembre 2020, Emmanuel Macron avait dit l’importance de la filière nucléaire, selon lui. « Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire », avait-il dit.
 
« Il ne s’agit seulement pas de changer de capital, mais de connaître le projet industriel », alerte également Laurent Santoire. Quel périmètre. Quelles stratégies. Il reste, selon lui, « des interrogations ». Et de dire : « L’avenir de la filière énergétique n’est pas que celle des centrales nucléaires. Il y a aussi la distribution (grid), l’hydro-électricité, le gaz… » questionnant ainsi l’avenir de ces entités de General Electric.
 
« Je suis satisfait que les négociations soient entamées. J’appelais ce rachat de mes voeux depuis de longs mois », a déclaré, au téléphone, Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort. « Je serai extrêmement attentif au périmètre du rachat, qu’il soit suffisamment large pour assurer la pérennité des activités et de l’emploi à Belfort », a-t-il ajouté. « C’est à la demande du Gouvernement qu’une solution française souveraine a été recherchée pour notre filière d’excellence de fabrication de matériel nucléaire », rappelle le député européen MoDem Christophe Grudler. « L’annonce officielle ce matin par EDF du lancement de négociations avec General Electric pour le rachat de cette division nucléaire va précisément dans le sens que nous cherchions tous, pour planter à nouveau un drapeau français sur l’activité, protéger et développer les savoir-faire notamment sur les sites de Belfort et de La Courneuve », ajoute-t-il.